Dernier jour de visite, direction Sintra, un village célèbre pour ses grands châteaux, villas et parcs érigés par des rois et richissimes industriels qui ont progressivement repoussé les limites architecturales vers le gigantismes et les décors extraordinaires.

Sintra, Chateau Pena

Sintra, Chateau Pena

Par contre, il faut prévoir plus d’une journée pour tout voir…
Ce soir, Bruno et Marine repartent, demain nos nouveaux équipiers arriveront pour mettre l’étrave vers les Canaries.

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C’est ici que la semaine se termine, merci Marine et Bruno !

Dimanche 4 Aout, on quitte Bayona pour rejoindre Porto ! Cette fois Marine part avec Bruno avec l’option voiture. Donc, on se retrouve tous les deux sur le bateau, absolument seuls, aucun bateau en vue ! où sont les plaisanciers ?? Pourtant il fait un temps de rêve, presque trop chaud. On verra 1 éolienne en mer, rien de plus !

Notre seule rencontre

Notre seule rencontre

On arrive à la tombée de la nuit à Porto, avec des lumières magnifiques. Marine et Bruno nous rejoignent au port, la Douro Marina. Marina toute neuve, très agréable, les meilleures douches du voyage!

Porto

C’est magnifique, on reste quelques jours visiter la ville, ses marchés, les alentours aussi grâce à la voiture de loc de Mr Routier que nous laisserons à Porto pour le dernier convoyage à 4 vers Lisbonne, 170 miles sous spi en passant devant les mythiques spots de Peniche, Nazaré, Ericeira, Guincho et une arrivée de nuit à Cascais.

balade dans Porto

balade dans Porto

Samedi matin, on part tôt de Portosin. Bruno part en voiture de son côté. Le trajet durera près de 10 heures, dont beaucoup au moteur. Il n’y a pas de vent. On voit plein de dauphins qui restent longtemps dans le sillage du bateau. A part eux, on ne croise quasiment personne, seulement 1 bateau à l’arrivée à Bayona.

L’arrivée est belle avec le château fort transformé en superbe hotel Parador. Par contre, aussitôt arrivés on se rend compte que la ville est transformée en gigantesque fête foraine….Du coup, après une petite balade dans la ville, on file dans un endroit plus tranquille, trouvé grâce au routard !  Oia: c’est un petit village de pêche qui comporte un vieux monastère, 2 bars, 2 restos, quelques maisons, avec chacune son potager sur la mer. C’est trop beau, je m’y verrais bien ! Antoine aussi : chacun a son vieux tracteur Massey-Fergusson pour le potager et la mise à l’eau du bateau de pêche, le rêve !

Oia

Oia

Le resto : la casa de Henriqueta. On n’a quasiment rien choisi, se laissant guider par le patron qui semble se régaler rien qu’en nous parlant de ses plats ! Il nous bichonne : cèpes en sauce, avec des asperges et couteaux, poivrons au fromage local, bar grillé avec pommes de terre au citron, en passant par le vin, excellent,  et finissant par le dessert : Ananas fourré à la crème pâtissière et aux kiwis. Alala, rien que de l’écrire j’ai déjà envie d’y retourner ! Tout ça dans un décor typique avec vue sur le petit port de pêche et servi par des gens très sympathiques. Bref, si vous ne l’aviez pas compris, on est au top !

Trop bon, la casa da Henriqueta

Trop bon, la casa da Henriqueta

Après une bonne nuit de sommeil, le rangement du bateau, une petite balade dans les rues de la Corogne, on charge un fichier météo qui nous oblige à repartir dès ce soir !! On serait bien restés se reposer un peu plus, mais il y a de la route à faire et on doit retrouver ma sœur Marine et mon père, Bruno. Mercredi 18h30, on repart donc pour une nuit en mer, direction Portosin !

A peine remise du Gascogne, je redoute un peu la nav, mais aussitôt au large, ça va tout de suite mieux ! On profite des dauphins et du temps qui paraît si calme après ce qu’on a vécu. Les dauphins m’ont accompagnée un petit moment pendant mon premier quart de 2 heures. C’est magnifique de les apercevoir grâce au plancton qui s’illumine sur leur passage. Au loin, il y a des dizaines de pêcheurs aux lamparos (avec de gros spots pour attirer les poissons) c’est assez impressionnant au début.
Je vois un point blanc qui s’approche, je sais que c’est un bateau de pêche, que d’ici un quart d’heure il sera juste a coté de nous, mais j’ai tellement sommeil ! J’ai le temps, je ne ferme les yeux que quelques secondes, minutes peut-être ? Oups ! Antoine est à coté de moi ! L’alarme anti-collision s’est mise en route et je n’ai rien entendu !! J’ai dormi un quart d’heure… Antoine après s’être bien foutu de ma gueule peut se rendormir tranquille, cette petite sieste m’a fait du bien ! Je prolonge même un peu mon quart, un peu honteuse de l’avoir réveillé.

C’est vers 9h qu’on accoste dans le petit port de Portosin, on se recouche aussitôt jusqu’à 13h. Réveillés et presque en pleine forme, on va se balader dans le village, très mignon petit port de pêche.

 

Bateau de pêche aux lamparos à Portosin

Bateau de pêche aux lamparos à Portosin

Marine et Bruno arrivent de Porto vers 20h. Ils ont loué une voiture, on en profite pour aller dîner à Noia, des poulpes, calamars et autres spécialités locales !

Le lendemain c’est visite touristique. Direction St Jacques de Compostelle. On se balade dans la ville au milieu des pèlerins qui ont certainement plus mérités la visite que nous, quoique on en a un peu bavé pour être ici !! Le décor est grandiose et la cathédrale vraiment impressionnante.

Un peu fatigués tout de même

Un peu fatigués tout de même

De retour au bateau, on se régale avec le coucher de soleil, au son de la guitare et de la jolie voix qui nous vient du bateau voisin. Les vraies vacances reposantes espérées par Antoine, on y est !

Le routage est clair, il faut partir tôt le samedi pour gagner vers le sud avant le gros coup de vent et la dépression qui obligera le dimanche à faire de l’ouest vers New-York dans 40nd environ dans le front chaud, puis route au près dans la traine de sud ouest pour viser la Galice.

Samedi après-midi, après 3 semaines de beau temps, on part sous la pluie… Le vent est stable autour de 15-20 nœuds.
C’est à la fin de la nuit du samedi que ça commence à être sportif. Mais surtout à cause des orages qui ont éclaté tout autour de nous ! Nous avons bien tenté de virer pour éviter les plus gros, mais c’est inutile vu la vitesse et violence de leur déplacement. Batteries coupées, navigation de nuit aux sensations et éclairs dans tous les sens. Je sais que Chloé, que je crois dormir à ce moment, déteste les orages. Je commence à m’inquiéter pour elle… Elle m’avouera ensuite qu’elle n’avait pas du tout dormi et qu’elle tentait de s’imaginer que c’était nos frontales qui flashaient partout !!

Le plus dur dans notre affaire, c’est le gros bord vers l’ouest dans ce gros coup de vent qui nous a cueilli au petit matin le dimanche et qui nous a bien donné 45 nœuds pendant 12 heures, une mer démontée, des marins fatigués et une route qui ne diminuait pas pendant ce bord vers le large : psychologiquement limite, fatigue par dessus et manque de rigueur dans la gestion des quarts cette première nuit, la guerre sur le pont, le Gascogne est dur, on y est !!!

Gascogne

Gascogne

J’avais souvent lu des récits de coureurs abordant cette zone psychologique où il faut allez chercher loin pour puiser des ressources et continuer. Je ne pensais pas en avoir besoin un jour, et surtout pas si tôt dans notre aventure. Pourtant, quand j’ai repris la barre le dimanche vers 14h,
– Brieuc à bout après 3 heures à piloter dans les 45 nds du Gascogne
– Chloé malade dans sa bannette, Hors Service!
– Papa qui a du mal à comprendre pourquoi il vomi aussi, mais vaillant sur le pont!
– et moi incapable de dormir depuis 30 heures,
j’ai commencé à mal cogiter pendant 2 heures : remise en question du projet, déception d’un éventuel demi-tour, envie de vacances reposantes et méritées après une année difficile au boulot, en formation, en préparation du bateau, envie de choses simples…. Et ce bord vers le large dans cette tempête… ça va pas, je sais que mon cerveau réfléchit mal mais je n’y peux rien… je flanche !!

Brieuc se relève, je lui parle, je rentre dans le bateau, je parle à Chloé qui me regarde et dit « ok, donne moi 5 minutes, et je viens vous relayer » !! C’est peut-être ça qui a tout changé. Sa conviction et sa volonté de faire ce grand voyage, malgré son mal de mer depuis 6 heures ce matin, à bout de force, elle n’aurait jamais été capable de mettre un pied dehors, mais l’envie est là, et sa force me réconforte.
Et puis j’ai pensé à ces mecs qui font la transat en mini-6.50, seuls sur des savonnettes des mers pendant des jours…. Et nous on ne fait que le Gascogne, certes un gros Gascogne mais on doit y arriver !! Ils sont dingues ces mecs !! Merci à eux, ils viennent de me relancer !!

C’est la guerre dehors, alors on passe en mode combat : un équipier de quart pendant 2 heures à se faire dégommer par les vagues dans des vêtements trempés, avec comme seule motivation les 4 heures à l’intérieur qui vont suivre à poil dans le duvet (seule vraie façon de se réchauffer) calé dans une toile anti-roulis à tenter de dormir un peu, et en regardant le changement de quart intermédiaire avec une certaine joie d’avoir encore 2 heures dans la bannette en regardant le copain partir au front !
Ça a duré 12 heures dans 45 nœuds établis, puis 24 dans 35 nœuds après avoir viré vers l’Espagne. Les éléments auront eu raison aussi de l’estomac de Brieuc et du mien. Et puis tout a une fin, le moteur a remplacé le vent le mardi matin pour une journée de rêve au soleil le long des côtes espagnoles. Chloe sort enfin de la cabine, après 3 jours et 3 nuits allongée.

Arrivée à La Corogne !

Arrivée à La Corogne !

On sera à La Corogne mardi soir, tous les 4 fiers d’avoir vécu un gros Gascogne, avec un mal de terre impitoyable dans les douches chaudes de la marina, et une belle soirée de clôture dans les rues animées espagnoles.
Merci à Brieuc et Papa, la guerre du golfe sera NOTRE aventure.

Le grand départ de notre aventure était daté, le 27 juillet 2013, premier jour de nos vacances respectives avec Chloe. Nos deux équipiers, Charles, mon père et Brieuc, mon beau-frère, ont réussi à se caler aussi quelques jours pour traverser le Golfe de Gascogne, mais avec un retour au boulot impératif et donc un avion prévu le mercredi 31 Juillet de La Corogne. La météo annoncée n’est pas bonne depuis le début de semaine pour ce convoyage. Grosse dépression, orages, vent dans le nez…

Voilà le routage dans le coup de vent, on serait mieux à la maison !

Voilà le routage dans le coup de vent, on serait mieux à la maison !

Chaque jour de la semaine, en prenant la météo, on espérait que ça s’améliore…sans succès. Résultat : une dure dernière semaine de boulot, pas serein sur le départ et Chloé qui pensait avoir quelques jours libres en fin de semaine a finalement aussi travaillé sous pression jusqu’au vendredi soir.Un bon cocktail explosif pour un départ, l’expérience nous ayant déjà prouvé qu’il faut savoir se reposer avant de prendre la mer, la grande question était donc « on y va ou pas ? »
Si on n’y va pas, Charles et Brieuc ne pourront pas être de la partie car la fenêtre météo favorable ne leur permettra pas de prendre leur avion retour. Si on n’y va pas, pas de convoyeur pour le Gascogne et un délai plus que limite pour profiter un peu de l’Espagne et du Portugal.
Donc on y va, mais c’est en sachant où on met les pieds ! Avec une info météo et des conseils avisés auprès de mon ami Laurent Gouez, ancien figariste qui connaît notre niveau et le bateau, et qui nous conforte dans la faisabilité de cette traversée. Mais il a été clair : « préparez vous en mode combat !! »